Fasciathérapie et lombalgie chronique - I. Bertrand - Podcast

Isabelle Bertrand - Congrès International de fasciathérapie 2025

 

Le Dr Isabelle Bertrand, a présenté lors du 1er Congrès International de fasciathérapie, les résultats d’une étude clinique sur l’intérêt de la fasciathérapie dans la prise en charge du patient atteint de lombalgie commune.

 

Le titre la conférence de Isabelle Bertrand, docteur en sciences sociales, praticienne, enseignante de la fasciathérapie et chercheur au CERAP, était : « Fasciathérapie et prise en charge de la lombalgie chronique commune : étude randomisée en clusters ».

 

S’appuyant sur les travaux récents de recherche sur le toucher affectif, Isabelle Bertrand rappelle que le travail sur les fascias, sollicités par un toucher de qualité lent, réalisé par un praticien attentionné à ce qu'il fait et qui respecte des temps de points d'appui, c’est-à-dire des moments d’arrêt pour laisser le temps au corps de réagir et au tissu de se réorganiser, produit des effets bénéfiques, notamment sur l'anxiété et sur la qualité de vie psychique et physique des patients. Le toucher de la fasciathérapie influence donc la dynamique émotionnelle.

 

La pertinence de cette étude

 

Dans le contexte actuel en France et dans le monde, de plus en plus de personnes souffrent de douleurs chroniques ou de pathologies chroniques. Le cancer lui-même, maladie dont on mourrait le plus souvent autrefois est devenu une maladie chronique. La demande des patients a elle aussi évolué, il est devenu davantage acteur de sa santé et au-delà de la prise en charge médicale, la demande d’accompagnement est croissante avec des pratiques qui améliorent leur qualité de vie. La fasciathérapie s’inscrit dans ces approches qu'on appelle centrées sur la personne et qui vont aider les personnes à mieux vivre avec leur douleur, avec leur pathologie et aussi à avoir un impact réel sur la diminution de la douleur. 

La chronicisation et l’intensité de la douleur sont liées à de multiples facteurs dont l’anxiété fait partie. L’anxiété impacte la douleur et la douleur impacte la fonction. C’est la raison pour laquelle, les mesures de douleur, d’anxiété, d’activité et de qualité de vie ont été évaluées.   

 

 

Méthodologie de la recherche

 

L’étude a été menée sur 188 patients, suivis durant 5 séances d’une durée de 30 à 45 minutes, réparties sur un maximum de 3 mois et réalisée par 60 praticiens kinésithérapeutes formés à la fasciathérapie. 

Les praticiens ont été répartis en trois groupes afin de comparer les résultats :  un groupe de patients étaient suivis uniquement en kinésithérapie, un groupe était suivi uniquement en Fasciathérapie et un groupe recevait une pratique mixte. 

Si le critère d’évaluation principal était la douleur mesurée à l’aide d’un échelle visuelle analogique (EVA), d’autres critères ont été pris en considération tels que l’évaluation de la fonction (Dallas-DPQ), l’évaluation de la qualité de vie (SF-12) et de l’anxiété (STAI-Y).

 

Les résultats de la recherche. 

 

Au sein des trois groupes, on observe une diminution statistiquement significative de la douleur après les cinq séances, quel que soit le niveau de douleur initiale. Il y a donc une pertinente sur le plan clinique à utiliser ces approches auprès de patients souffrant de lombalgie commune. 

 

Dans le groupe mixte associant la kinésithérapie conventionnelle et la fasciathérapie, les bénéfices sur l’anxiété sont aussi significatifs au plan statistique, de même que la qualité de vie qui est améliorée dans ce groupe de manière plus importante que dans les deux autres groupes. Enfin dans ce groupe sur l'impact fonctionnel de la douleur par rapport aux activités professionnelles et aux activités de loisir est amélioré. 

 

Si l’efficacité sur la douleur est comparable dans les trois groupes, on observe cependant la valeur ajoutée de la fasciathérapie qui se distingue par son action significative sur l’anxiété, alors que la combinaison des deux montre une amélioration de la qualité de vie. 

 

Les recherches menées sur la fasciathérapie au sien du CERAP, laboratoire de l’université Fernando Pessoa de Porto, inscrit dans les neurosciences éducatives et la psychopédagogie de la perception initiée par le professeur Danis Bois, ont pour objectif de montrer qu’il ne s’agit pas d’une pratique illusoire, mais au contraire que la fasciathérapie est une approche non médicamenteuse au même titre que la kinésithérapie et qu’elle apporte des bénéfices aux patients. Les recherches sur le fascia et les protocoles de fasciathérapie appliqués à d’autres pathologie méritent d’être développées. 

 
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Dans ce podcast Isabelle Bertrand, interviewée par Amal Dadolle de BloomingYou,  résume les grandes lignes de l’étude à laquelle elle a participé. 
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