Le comportement de la matière vivante pat JC Guimberteau

Jean Claude Guinberteau - 1er Congrès International de fasciathérapie

Lors du 1er Congrès International de fasciathérapie qui s'est tenu à Vannes les 9 et 10 mai 2025, le Dr Jean-Claude Guimberteau, chirurgien et anatomiste, a proposé une nouvelle conception du corps humain.

Le fascia n’est ni un organe, ni un simple tissu de remplissage, il est une trame continue, mobile, dynamique, adaptable et constitutive du vivant.

Habituellement, l'anatomie du corps humain et sa compréhension sont étudiées sur le cadavre. On apprend donc le vivant à travers le tissu mort. Mais comment fonctionne le glissement tendineux du tissu vivant ? Comment sont absorbées les contraintes dans le corps ?  Ce sont ces questions qui ont conduit Jean Claude Guimberteau à filmer les tissus lors des actes chirurgicaux qu'il menait à la clinique de la main de Bordeaux, pour observer leur comportement. Voici quelques-unes des observations du docteur Guimberteau.

 

Grâce à un endoscope capable de réaliser un grossissement de 60 fois, il a pu observer les structures internes sur des corps vivants, et constaté non seulement le mouvement permanent qui s'y joue, mais aussi la continuité conjonctive du corps humain. 

 

Le tissu conjonctif est un monde irrégulier, fibrillaire, coloré, rouge, violet, il est mobile et fractal. Il est constitué de fibres multiples et complexes qui donnent d'autres fibres plus petites et ainsi de suite. "Nous sommes des volumes de matière en 3D"  nous dit J C Guimberteau et ces fibres augmentent la résistance élastique du tissu tout en maintenant la forme des structures. 

 

La peau présente à sa surface des formes polygonales. Ces formes polyédriques changent selon les contraintes. Par exemple lorsqu'on tire sur la peau, des lignes de contrainte se créent. Les sillons peuvent s'agrandir ou se rétrécir. Il existe un lien entre la surface et la profondeur grâce aux fibres qui pénètrent la profondeur dans une continuité totale et ces fibres verticales influencent les sillons. 

Avec l'âge la peau s'affine et son épaisseur est différente aussi selon les régions. L'organisation globale est la même mais avec des différences régionales selon la fonction de la peau. Ceci caractérise l'adaptabilité de ce tissu. 

L'observation a aussi mis en évidence que les cellules virevoltent au sein du tissu conjonctif. Reprenons notre exemple d'étirement de la peau, il entraîne un mouvement de toutes les cellules du tissu conjonctif sachant que le tissu conjonctif pénètre jusque dans le tissu graisseux. 

 

L'aponévrose est le tissu le plus résistant de l'organisme. Elle est faite de fibres tissées irrégulières et chaotiques et c'est ce système fibrillaire, celui qui possède le moins de cellules, qui favorise les glissements. 

L'endomysium est une fine couche de tissu conjonctif fibrillaire qui enveloppe et se connecte à chaque cellule musculaire. La contraction musculaire est liée à la participation du système fibrillaire polyédrique, irrégulier et au système nerveux. 

 

Les veines sont souples et s'allongent avec le mouvement. 

Les cellules se répartissent dans le sens de la contrainte et du courant sanguin au niveau de l'intima. 

Au-delà des fonctions mécaniques, toucher les cellules agit aussi sur le métabolisme cellulaire. Cela rend le vaisseau sanguin plus perméable. 

 

Il existe des cellules dans le tissu conjonctif qui ont migré. Cette migration selon Jean Claude Guimberteau signe que les cellules portent un projet. Il existe des fibres entièrement colonisées par des cellules. Elles se servent des fibres pour migrer. 

 

--------------------------------------------

Les propos du podcast qui vous est proposés ici ont été recueillis par Amal Dadoole lors du à 1er Congrès international de Fasciathérapie, organisé par fasciafrance  et le CERAP, qui a réuni chercheurs, praticiens et pionniers de la thérapie manuelle autour d’un enjeu commun : comprendre et honorer l’intelligence du vivant.

 

Voici le lien pour accéder au podcast : cliquer ici