Effets sur l’anxiété et l’estime de soi d’une approche psycho-corporelle, la somato-psychopédagogie

Toucher de relation méthode Danis Bois
Auteur(s) :

Anne Lieutaud - Professeur auxilliaire invitée de l'UFP, Docteure en sciences sociales

PhD Sciences sociales option psychopédagogie, chercheure et consultante indépendante

Karine Grenier - Professeure auxilliaire invitée de l'UFP, Docteure en psychologie, Psychopédagogue de la perception

Praticienne, artiste et formatrice en psychopédagogie perceptive, avec une spécialisation en expressivité

Danis Bois - Professeur agrégé, Docteur en sciences de l'éducation, Fondateur du CERAP

Professeur cathédratique invité de l'Université Fernando Pessoa, Psychopédagogue de la perception, Chercheur en sciences de l'éducation

 


Pour citer cet article : LIEUTAUD, A., GRENIER, K. and BOIS, D. (2021). The Effects of a Mind–Body Approach, Somatic Psychoeducation, on Anxiety and Self-Esteem. Alternative and Complementary Therapies, Ed. Mary Ann Liebert Inc., 27(4), 176-186. https://doi.org/10.1089/act.2021.29341.ali


Résumé 

Les approches psycho-corporelles se multiplient pour répondre au besoin croissant de soutien dans un monde de plus en plus exigeant. Afin d’aider à répondre à la question de l’efficacité des pratiques proposées, et de contribuer à la discussion sur le rôle du corps dans leurs effets, nous avons mené une enquête de terrain sur l’une d’entre elles, la somato-psychopédagogie (SPP), en mesurant les réponses des clients en termes d’anxiété et d'estime de soi. Une étude longitudinale observationnelle multicentrique a été menée sur des clients de SPP (N=114) avant et après une intervention constituée d’une série de 10 séances de SPP librement mises en œuvre par des praticiens (n=25) dans leurs propres cabinets. Un autre groupe de personnes (N=26) ne connaissant pas la spp a servi de groupe de référence. Résultats : La SPP a eu deux effets majeurs : l'un est immédiat, puisqu'une séance permet de diminuer l'état d'anxiété de 30% ; l'autre est à long terme, puisque le trait d'anxiété a diminué de 6,2 points à la fin de l'intevention, et l'estime de soi s'est améliorée de 3,5 points. L'absence d'effet praticien nous permet de généraliser les résultats à l'ensemble de la pratique. Conclusion : Les réponses bénéfiques obtenues simultanément sur l'anxiété et l'estime de soi après un suivi de 10 séances de SPP sont intéressantes et discutées, car elles suggèrent de possibles changements de comportement. Nous attribuons ces résultats à l'action combinée de l'expérience corporelle en première personne et de l'enrichissement des compétences perceptives. Ainsi, nos résultats ouvrent de nouvelles perspectives pour les approches psycho-corporelles dans le contexte du bien-être et des soins de santé préventifs.

Mots clés : somato-psychopédagogie, approche psycho-corporelle, estime de soi, anxiété.

Traduction publiée avec l'aimable autorisation de Alternative and Complementary Therapies, Ed. Mary Ann Liebert Inc., sous licence Creative Commons CC-BY-NC.


Introduction

La dépression et l'anxiété sont des fléaux reconnus des temps modernes (WHO,2017). Elles entrainent, à l’état chronique, une dégradation du bien-être et peuvent s’accompagner d’une altération des affects, avant même que ne se manifestent des atteintes somatiques et psychiques. Depuis l’essor des approches préventives en santé dans le courant des années 70 (Requilé, 2008), diverses pratiques de développement personnel ont vu le jour et sont devenues assez communément utilisées pour la régulation du stress excessif et de l’anxiété, notamment dans des contextes non cliniques. Les études sur leurs impacts montrent des effets bénéfiques sur les affects positifs et négatifs, en particulier l'anxiété et l'estime de soi (Bourhis, Bouchet, Bois, & Lieutaud, 2017 ; Christopher, Christopher, Dunnagan, & Schure, 2006 ; Cousin & Crane, 2016; Cramer, Lauche, Langhorst, & Dobos, 2013 ; dos Santos et al., 2016 ; Ferentzi, Drew, Tihanyi,& Köteles, 2018 ; Khoury, Sharma, Rush, & Fournier, 2015; Lieutaud & Bois, 2018 ; Sedlmeier, Loße, & Quasten, 2018 ; Tolahunase, Sagar, & Dada, 2017).

La psychologie différentielle considère à la fois l'estime de soi et l'anxiété de trait comme des traits de personnalité stables sur une période allant jusqu'à sept ans (Huteau, 2013). Ces traits sont étroitement liés : un bon niveau stable d'estime de soi a des effets bénéfiques sur la santé globale et la qualité de la vie sociale et personnelle, ainsi que sur l'anxiété et la dépression (Duclos, 2011). Et lorsqu'un individu est menacé, l’anxiété qui émerge dépend de son niveau d'estime de soi et non de la chose perçue comme une menace (Coopersmith, 1984). Plus précisément, on considère aujourd’hui que l’estime de soi intervient comme un indicateur secondaire de l’anxiété, c’est-à-dire résultant de l’altération du marqueur principal qu’est l’anxiété (André, 2009 ; Namian & Kirouac, 2015). Mu et ses collègues (2019) parlent de caractéristiques de surface (surface characteristics), par opposition aux caractéristiques centrales (core characteristics) parmi lesquelles on trouve l’anxiété et les facteurs environnementaux. L'estime de soi, en répondant avec retard aux changements des caractéristiques centrales, serait en fin de compte une sorte de sous-produit (Ibid). Cependant, lorsqu'un niveau élevé d'estime de soi est combiné à un niveau élevé d'anxiété de trait, il est généralement décrit comme instable, et dans ce cas les auteurs (Namian & Kirouac, 2015) suggèrent une problématique narcissique pouvant mériter une aide externe.

Bien qu'ils soient définis comme stables dans le temps, il a été démontré que ces deux traits fluctuent et se modulent au fil du temps, à la fois naturellement et de manière induite, ce qui permet d’envisager le développement de programmes d’intervention, d’aide ou d’accompagnement (Awick, Phillips, Lloyd, & McAuley, 2017 ; Bouvet & Coulet, 2015 ; McAuley, Blissmer, Katula, Duncan, & Mihalko, 2000 ; Mu et al., 2019 ; Namian & Kirouac, 2015 ; Robins, Gosling, & Potter, 2002; Schiltz, Ciccarello, & Ricci-Boyer, 2015 ; Schmitt & Allik, 2005). ll y a encore des recherches à réaliser pour mieux comprendre comment ces deux traits évoluent l'un par rapport à l'autre, notamment parce qu'ils ne suivent pas les mêmes schémas de fluctuation, que ce soit face au temps qui passe (Robins et al., 2002 ; Schmitt & Allik, 2005) ou face aux difficultés de la vie (Palazzolo & Arnaud, 2013)

Nous pensons que le corps joue un rôle majeur dans le lien entre l'estime de soi et l'anxiété. En effet, il a été démontré à plusieurs reprises que le corps est un organe relationnel, le lieu de la perception de soi et de la relation avec le soi, le substrat de l'expérience et de l'émotion (Andrieu, 2013 ; Damasio, 1995 ; Varela, Thompson, Rosch, & Havelange, 1999). En contexte sportif, le corps est décrit comme lieu d’intériorisation des jugements extérieurs ou de l’anxiété compétitive, affectant performance et estime de soi (Abadie, 2008 ; Delignières, 2017 ; Quidu, 2009). Cette dynamique d’intériorisation est particulièrement importante lorsqu’on observe le rôle que joue la valeur physique perçue dans le processus de renforcement de l’estime de soi (Ninot, Delignières, & Fortes, 2000). En revanche, on sait que l'anxiété se construit sur une interaction entre troubles mentaux et troubles physiques, et peut aller jusqu’à envahir tous les secteurs physiques, mentaux et cognitifs de la vie de la personne, dans un processus appelé amplification somato sensorielle (1)

S’intéressant à l’arrière scène de l’activité de recherche scientifique, Quidu (2014) a observé la relation que les chercheurs entretenaient avec leur propre corps tout en menant leurs recherches. Bien que la réflexivité soit reconnue comme moyen pertinent de mise à distance des événements, Quidu constate que lorsque les scientifiques intériorisent le sentiment de jugement de regards extérieurs inhibiteurs, leur réflexivité peut devenir anxiogène, et ce d’autant plus qu’ils sont en contexte personnel de faible  estime de soi. Cependant, selon les témoignages qu’il compile, l’explicitation de l’expérience corporelle permettrait à l’estime de soi de se dessaisir du regard extérieur pour s’articuler sur la reconnaissance de sa propre compétence. Cette manière de "sentir son corps à la première personne" (Andrieu, 2013) fait de l’expérience corporelle un facteur d’amélioration de l’estime de soi et de l’anxiété.

Tout ceci nourrit notre idée qu’il existe une voie cognitive et corporelle de l'anxiété et de l'estime de soi, et que leur changement concomitant peut entrainer un changement de comportement. Nous avons étudié ces hypothèses sur un type particulier de thérapie psycho-corporelle, appelé somato-psychopédagogie (SPP).

Qu’est-ce que la Somato-Psychopédagogie (SPP) ?

La SPP a été développée par le professeur Danis Bois dans les années 1980 et appartient au champ des pratiques de développement personnel et d’accompagnement de la personne. Il s'agit d'une approche psycho-corporelle qui se concentre sur l'accordage de la perception, des sentiments, des pensées, des intentions et des actions de la personne, par le biais d'un processus d'apprentissage corporel expérientiel. "Le but de l’accordage somato-psychique est d’installer chez la personne un profond sentiment d’unification entre toutes ses parties : d’abord entre les parties de son corps : le haut et le bas, l’avant et l’arrière, la droite et la gauche, le dos et le visage…; puis, aussi et surtout, entre toutes les parties de son être : son intention et son action, son attention et son intention, sa perception et son geste, sa pensée et son vécu" (Bois, 2006) . Le cadre proposé vise à enrichir la perception et la conscience de soi, en particulier la perception immédiate de l'intériorité corporelle vécue, en favorisant le déploiement d'une présence attentive à l'instant, à soi, aux autres et au monde extérieur. Cette dernière facilite alors l'émergence de nouvelles compréhensions, significations ou sens de l'expérience vécue (Bouchet, 2015 ; Bourhis, 2007). De fait, la SPP s’adresse en particulier aux personnes en situation de transition, de difficulté de vie ou de quête de sens.

La SPP se positionne au carrefour de la formation, du bien-être et du soin. Elle utilise quatre outils principaux que le praticien mobilise selon le niveau ou la nature de la progression pédagogique envisagée : une relation d’aide manuelle, une relation d’aide gestuelle, une relation d’aide introspective (méditation Pleine Présence) et une relation d’aide verbale. Chaque outil permet de solliciter l'attention de la personne selon ses capacités perceptives, sur la base des informations qui émergent de l'expérience corporelle immédiate et de la réflexivité résultante (Bois, 2008).

La relation d’aide manuelle est l'outil le plus simple et le plus couramment utilisé pour accéder aux dimensions sensorielles et perceptives de l'expérience corporelle. Il repose sur un toucher qui mobilise le tonus physique et psychique des fascias (Courraud, Lieutaud, Bertrand, Dupuis, & Bois, 2021). Pour accéder à la subtilité de ce tonus multidimensionnel et aux informations qu’il véhicule sous sa main, le praticien doit développer des capacités perceptuelles spécifiques :« (Ce toucher) fait en effet appel à des capacités de perception manuelle qui dépassent le sens épicritique du toucher spécialisé dans la discrimination de la forme, de la température, de la texture ou encore du poids. En effet, l’objectif (ici) consiste à percevoir un mouvement très lent animant les tissus de l’ensemble du corps humain. Cette dextérité sensorielle n’est pas spontanée et nécessite un apprentissage « sensoriel » pour les praticiens non familiarisés de ce type de toucher. Toute une gamme de sensations inédites (profondeur, mouvement, élasticité, tonalités internes, fluidité, etc…) apparaissent alors progressivement à la conscience du praticien qui découvre l’intériorité mouvante, vivante et touchante du corps. La proximité avec ce toucher « sensible » devient alors un moyen de tisser silencieusement un dialogue intime et respectueux profondément soignant entre deux personnes. » (Courraud, 2020)

La relation d’aide manuelle a des propriétés thérapeutiques qui sont utilisées en contexte médical. En SPP, cette forme de toucher est mobilisée de manière globale, dans une visée compréhensive de sens, au service des apprentissages perceptifs et du processus de transformation de la personne même si des effets correctifs peuvent intervenir, comme dans toute pratique non manipulatoire, le corps reste son propre maître et le praticien est lui-aussi conscient et entrainé à repérer ces manifestations d’auto- corrections lorsqu’elles se produisent (Bourhis, 2012). Il faut du temps pour qu’un tel processus d'enrichissement perceptif se déploie et plusieurs séances sont parfois nécessaires pour qu'un patient novice accède aux subtilités et aux richesses de ses vécus corporels internes.

La relation d’aide gestuelle a un objectif pédagogique d'autonomisation, et vise à "permettre à la personne d'exprimer le langage silencieux" (Bois, 2006) du monde intérieur découvert par le toucher manuel de relation. Cet outil est constitué de séquences gestuelles réalisées en position assise et debout, impliquant pleinement la personne à la fois dans ce qu'elle fait, comment elle le fait et dans quelle direction elle le fait. Le but est que la personne apprenne à réaliser un ensemble de tâches mobilisant la cognition et la réflexivité à travers la perception sensorielle du corps. Chaque séquence spécifique est un ensemble de gestes codifiés très simples, symétriques et évolutifs, qui génèrent un état de repos, de sérénité, d'équilibre, propice à une réflexion intérieure constructive (Bois, 2006). En tout premier lieu, le mouvement doit être lent, d'une lenteur sensorielle spécifique, qui permet à la personne de mobiliser son attention sur le déroulé du geste et, en temps réel de ce déroulement, être capable de l'ajuster ou le modifier. De fait, cette lenteur permet à la personne d’accéder à des informations perceptives qui ne sont pas disponibles à une vitesse normale. Mais au-delà, elle permet de percevoir, dans le temps même du déroulement du geste, les effets sensoriels que ce geste produit sur la vie psychique intérieure et, à mesure qu’il se déplie, à une sensation de globalité corporelle. Cette lenteur sollicite constamment l’attention de la personne sur de nouvelles manières de percevoir les détails de chaque mouvement. Chemin faisant, la  personne découvre de nouvelles perceptions d'elle-même, qui s’accompagnent d’un sens renouvelé de soi et de sa présence à soi.

L'introspection sensorielle est une pratique de méditation qui utilise la perception comme moyen d'accéder à l'expérience corporelle et de l'esprit. Comme les autres outils, elle aborde le vécu expérientiel des sensations corporelles de manière graduelle, afin de développer la conscience et la présence à l’instant présent. Le terme "sensoriel" fait référence à "une forme d'intimité corporelle intérieure" à laquelle on accède en observant ses états internes, qu’ils soient physiologiques ou psychiques, par le biais des perceptions corporelles, en une sorte de saisie sensorielle avant qu'elle ne devienne mentale. En d'autres termes, il s'agit d'une pratique assise qui engage, tout en restant immobile, toutes les modalités sensorielles, c'est-à-dire les sens proprioceptifs, les sens auditifs et visuels, les sens intéroceptifs, et le "tact interne" de Maine de Biran (Heller-Roazen, 2009; Maine de Biran, 1999). Avec l'expression "tact interne", Maine de Biran fait référence à la sensation intérieure qui donne à tout être vivant "la sensation absolue de l'existence". Il la présente le plus souvent comme une capacité tactile intérieure de "se percevoir percevant" (je sens que je sens), la décrivant comme un "tact affectif" ou un "immédiat" qui se rapporte "aux diverses affections du corps sans l'usage des sens externes" (Heller-Roazen, 2009). Cette modalité perceptive interne est centrale dans le développement de la conscience de soi, de la conscience du corps et du sens de l'incarnation (Lieutaud & Bois, 2018). L'introspection sensorielle utilise un guidage verbal qui évite délibérément les instructions susceptibles d’activer le contrôle mental. Les bases du protocole sont détaillées dans une étude menée par Lieutaud et Bois (2018).

La relation d’aide verbale utilisée en SPP est corporéisée en ce sens qu’elle est centrée sur les vécus corporels qui se déroulent pendant la séance. Elle est conduite sous forme de dialogue dont l’objectif est d’apprendre à la personne à décrire son expérience d'une manière phénoménologique, c'est-à-dire sous forme de faits de perceptions, de sentiments et de sens, avec aussi peu de spéculation et d'interprétation que possible. Ce dialogue est centré sur l’immédiateté de ce qui se joue pendant la session. La sollicitation  active qu’il produit oblige la personne "à poser son attention de façon active sur les manifestations internes de son corps, accédant à des informations qui, jusqu’alors, échappaient à sa perception" (Bois, 2008). Cela devient particulièrement important lorsque les perceptions deviennent si subtiles ou nouvelles que la capacité attentionnelle peut baisser ou dériver. Globalement, l’objectif est de découvrir et d’apprendre à décrire, en temps réel de l'expérience, les vécus expérientiels du corps pour mieux se les approprier et en comprendre le sens potentiel pour soi.

L'efficacité de la SPP repose sur la place centrale accordée à la perception et au processus d'apprentissage, c'est-à-dire sur la primauté de la perception et de la sensibilité corporelle comme pivots du processus expérientiel (Courraud, 2020). Sous la présence attentionnée du praticien, la personne développe progressivement ses capacités perceptives, explore le lien vivant à son propre corps et accède à "une modalité perceptive paroxystique", à travers laquelle elle peut saisir à la fois les nuances des tonalités et sensations de son propre corps dans l'instant même de l'expérience, et à la fois pénétrer le "sentiment de profondeur, de globalité et d’existence" qui accompagne cette perception paroxystique (Bois, 2008). L'efficacité de la SPP repose également sur deux piliers spécifiques à cette pratique, le mouvement interne et le point d'appui. L'expression "mouvement interne" désigne l'ensemble des mouvements qui ne sont pas accessibles à un observateur extérieur mais qui peuvent être vécus de façon intime à la première personne. Le mouvement interne peut être entendu comme l'expression de la tonalité multidimensionnelle du fascia, modulant à la fois les dimensions psychologiques, physiologiques et physiques de la matière vivante. Le "point d'appui" est très spécifique à la pratique globale en jeu. Si l’on s’appuie sur le cas particulier de la relation d’aide manuelle, il s’agit d’un moment de suspension où les mains du praticien, après avoir étiré les tissus jusqu'à leur tonalité optimale de tension à la fois physique et psychique, stoppent leur mouvement tout en restant en pleine présence dans les tissus afin de soutenir le corps à trouver sa propre voie de sortie (Courraud et al., 2021).

La SPP et l’accompagnement psycho-corporel des affects

La somato-psychopédagogie (SPP) a fait l'objet d'explorations scientifiques depuis le début des années 2000. Elle semble influencer bénéfiquement l'anxiété, tant chez l'adulte bien portant (Angibaud, Duprat, & Bois, 2013 ; Rosier, 2013), qu’en situation de maladie (Bois & Bourhis, 2010). Deux études ayant utilisé l’échelle de Spielberger rendent compte d’effets positifs sur l’anxiété (Convard, 2013 ; Lieutaud & Bois, 2018).

Concernant l’estime de soi, Bouchet (2015 ; 2017) observe qu’à l’issue de 12 séances d’accompagnement en SPP, le score d’estime de soi globale des participants a augmenté de 7 points ; dans le même temps, les entretiens qualitatifs révèlent qu’une dialectique s’était instaurée entre l’expérience positive du vécu du corps et la dimension affective de l’estime de soi. Une étude conduite sur de jeunes adultes souffrant de troubles de l’alimentation indique que la SPP permettrait de reconstruire une estime de soi à travers un rapport à l'intériorité, selon des repères et des indicateurs internes et non plus seulement sur des représentations externes physiques ou psychiques (Duprat, 2007). Aussi, compte tenu de l'influence de la SPP sur la dimension organique (i.e. biologique et métabolique) de la perception de soi, il est fort probable qu’elle agisse de manière concomitante sur l'estime de soi et l'anxiété. L'hypothèse de son efficacité repose sur le fait que la technique intervient en amont des pensées de l'individu. Cela se produirait par l’entremise des vécus expérientiels et physiques du corps, mobilisés simultanément dans leurs voies psychologiques et physiques grâce au toucher manuel de relation évoqué plus haut. L’hypothèse d’efficacité de la SPP procède également du cadre temporel de moyen terme dans lequel s’inscrit son action, à l'échelle de quelques mois, permettant d'envisager un développement de capacités perceptives suffisant pour influencer les traits de l'estime de soi et de l'anxiété.

Hypothèses

Cette étude vise à évaluer l'efficacité de la SPP sur l'anxiété et l'estime de soi à partir de l’observation du terrain de la pratique en interrogeant le vécu des clients en première personne. L'idée est de vérifier les résultats exploratoires évoqués plus haut et d'observer comment l'anxiété et l'estime de soi évoluent l'une par rapport à l'autre au cours d'un accompagnement de moyen terme.

  • Notre principale hypothèse est que la SPP améliore l'estime de soi des clients et réduit leur anxiété, à l’issue d’un accompagnement de moyen terme de 10 séances. En d’autres termes, les scores d'anxiété devraient être plus bas, et ceux d’estime de soi plus élevés, à la fin de l’intervention qu'au début.
  • Nous nous attendons également à ce que les participants aient en moyenne un niveau initial élevé d'anxiété et une faible estime de soi, en regard de leur sollicitation d’un accompagnement personnel, et que ces deux niveaux reviennent, a minima, à "la normale" à la fin du programme, cette "normalité" étant définie par les données enregistrées auprès d'un groupe de référence (GR) indépendant.

Matériel et méthode

L'étude a été approuvée par les commissions scientifiques de notre laboratoire et de notre université, et a été réalisée conformément à la déclaration d'Helsinki de 1964 et ses amendements ultérieurs. Un comité scientifique dédié a été mis en place pour superviser le projet. Les praticiens, les clients et les membres du GR, ont signé un consentement éclairé avant de participer à l'enquête. Toutes les données ont été entièrement anonymisées avant leur numérisation.

Les participants

Les clients participant (n=114) ont été recrutés au fil du temps par les praticiens parmi leurs clients sur la base du volontariat, et les praticiens ont eux-mêmes été recrutés sur la base du volontariat par l'intermédiaire de la Fédération des Professionnels de l’Accompagnement Pleine Présence (voir Annexe S2 pour les détails concernant la taille de l'échantillon). Les critères d'inclusion étaient d'être majeur, de parler couramment le français et de participer à des séances individuelles au cabinet du praticien (pas de  séances de groupe ni de visites à domicile). Parmi ce panel de volontaires, 76 ont suivi l'intégralité du programme, ce qui était suffisant pour obtenir des résultats solides. Nous les appellerons plus loin le "groupe intervention" (GI).

En raison de la durée initialement inconnue de notre étude, nous avons choisi d'établir notre groupe de référence à partir de personnes sollicitées par appel public à candidature en dehors du cadre de la fédération. Leurs réponses ponctuelles se sont avérées former une référence fiable pour l'ensemble de la durée de l'enquête (voir les détails en annexe S3). Les données sociodémographiques concernant les clients de la SPP (GI) et le groupe de référence (GR) indiquent qu'à l'exception de l'activité physique, les deux groupes sont similaires : il s’agit principalement de femmes, de 50 ans en moyenne, ayant un niveau d'éducation plutôt élevé (bac+2 en moyenne, voir annexe S4).

Mesures

Pour tester notre hypothèse principale, nous avons mesuré l'anxiété et l'estime de soi à l'aide d'échelles d'auto-évaluation validées dans le monde entier :

  • La version française du STAI-Y de Spielberger (Bruchon-Schweitzer & Paulhan, 1993), qui présente une excellente cohérence interne avec nos données sur les deux sous-échelles (alpha de Cronbach de 0,917 pour l'anxiété d'état et de 0,933 pour l'anxiété de trait) ;
  • La version française de l'échelle d'estime de soi générale, notée RSES, de Rosenberg (Vallieres & Vallerand, 1990), qui présente également une très bonne cohérence interne avec nos données (alpha de Cronbach de 0,878). A l'aide d'un questionnaire sociodémographique initial, nous avons également interrogé les participants sur leurs attentes, leur ancienneté dans cette pratique et les éléments documentant leur cadre de vie. Enfin, un questionnaire de contexte administré à chaque temps d'évaluation a permis d’interroger les informations contextuelles des personnes au regard de l’intervention (pratiques psycho-corporelles personnelles, évolution de leurs attentes concernant l'accompagnement de la SPP, événements de vie...). Tous les questionnaires et les tableaux de suivi sont présentés en annexe S6.

Procédure

L'étude est longitudinale (suivi dans le temps) et prospective (observation des différences avant et après l’intervention) pour permettre d'effectuer des analyses de relations temporelles (Thiese, 2014).

Elle a été organisée sous forme d’enquête de terrain (questionnaires appliqués sur place), observationnelle (aucun changement dans la pratique) et multicentrique (chaque praticien est un « centre »). Ceci permet à la fois de mesurer et prendre en compte une possible variabilité de réponse entre les praticiens (hétérogénéité de pratique ou « effet praticien ») et de répondre à notre objectif d'évaluer les effets de cette pratique dans la réalité de sa mise en œuvre. L’intervention consistait en un suivi de 10 séances consécutives de SPP réparties sur une période non limitée de temps (voir le schéma en annexe S5), avec deux moments évaluatifs de collecte de données, l’un au démarrage de la première séance, appelé T1, l’autre à l’issue des 10 séances, appelé T10 :

  • A T1, avant la séance, on administre les questionnaires de contexte et les échelles d’anxiété et d’estime de soi ; juste après la séance, l’échelle d’anxiété-état est a nouveau administrée, ainsi qu’une question sur la durée de la séance.
  • A T10 les mesures avant la séance portent sur les questions de contexte et les l’échelle d’anxiété-état ; juste après la séance elles ciblent les échelles de trait et d’état.

La durée moyenne d’un suivi fut de 254 jours ± 108, soit environ 8,5 mois ± 3 mois. Elle ne semble pas affecter les réponses psychométriques d’anxiété ou d’estime de soi (Analyse de Variance à un facteur, FSTAI-Y2=0.559 p=0.42 ; FRSES=1.939 p=0.149 ; ρSTAI-Y2=0.091 p=0.436 ; ρRSES=0.135).

Les sessions de spp

Chaque praticien a rempli, pour chaque participant, un tableau de suivi de chaque séance. Nous avons pu reconstituer une séance type de SPP, qui s'est avérée remarquablement similaire entre les 25  praticiens ayant participé à l'étude :

  • La durée moyenne d'une séance était de 62 minutes ± 12,5 minutes,
  • Tous les praticiens utilisaient le toucher relationnel, et sur plus de 77% de la durée de la séance en moyenne,
  • Tous les praticiens utilisaient la relation d’aide verbale, soit pendant la séance soit au début ou à la fin de la séance, et sur environ 8%-20% de la durée de la séance.

Résultats

L'enquête s'est déroulée entre juillet 2015 et février 2017. Les analyses ont été réalisées à l'aide de statistiques descriptives et des tests de différence des moyennes et de Anxiété, estime de soi et somato-psychopédagogie variance (Student, ANOVA, voir annexe S7). Les scores recueillis sont résumés dans le tableau 1. Chaque fois que cela est mentionné dans le texte, les niveaux dits " moyen ", " élevé " ou " faible " font référence aux grilles d'interprétation de Bruchon-Schweitzer (1993) pour l'anxiété d'état et de trait et à celles de Vallieres (1990) pour l'estime de soi.

Variabilité des résultats entre les praticiens

La variabilité entre les praticiens a été testée sur le sous-groupe des 41 personnes ayant participé à l'ensemble de l’intervention et provenant de praticiens ayant chacun suivi au moins 4 participants (8 praticiens).

Pour ce sous-groupe, il n'est pas apparu de différences significatives sur les valeurs STAI-Y et RSES ou sur leurs différences avant-après l’intervention, aussi bien à l'échelle d'une séance pour l'anxiété d'état (post-pre STAI-Y1, F(7,33)=1.183, p=.339), qu’à l’échelle de l’intervention complète (T10-T1) pour les deux variables STAI-Y2 (F(7,33)=.815, p=.582) et RSES (F(7,33)=1.292, p=.287).

Sur ces mêmes variables, il n’est pas non plus apparu de différences entre le sous-groupe des 41 participants et le sous-groupe constitué des 35 autres participants, et cela aussi bien à T1 (FSTAI-Y1(1,74)=2.48, p=. 12, FSTAI-Y2(1,74)=.006, p=.937, FRSES(1,74)=.032, p=.858), qu’à T10 (FpreSTAI-Y1(1,74)=1.167, p=.28, FpostSTAI-Y1(1,74)=.337, p=.563, FSTAI-Y2(1,74)=.008, p=.929, FRSES(1,74)=1.486, p=.227).

Nous en concluons qu’il n’y a pas de différence décelable entre praticiens, et que les 76 participants ayant accompli la totalité du protocole forment un échantillon homogène (le groupe intervention ou GI) à l’aide duquel nous pouvons valablement étudier nos hypothèses.

Effets sur l’anxiété et l’estime de soi

Il y a tout d’abord un effet intra-groupe, qui pourrait correspondre à un effet perçu par le participant lui-même (Tableau 2) :

 

  • L'anxiété d'état (STAI-Y1 de Spielberger) a baissé, après les deux séances T1 et T10, de 14,53 et 11,17 points respectivement, passant d’un niveau un niveau « faible » avant la séance (MT1preSTAI-Y1=42 points MT10preSTAI-Y1=39.2), à un niveau « très faible » après séance (MT1postSTAI-Y1=27.5 et MT10postSTAI-Y1=28). Cette baisse, très significative (p<0.001), est en moyenne dans les deux cas d’environ 30% (Fig. 1). Elle est très liée (ρT1=-0.817 et ρT10=-0.696) au niveau initial de l'état d’anxiété (pré-STAI-Y) aussi appelé niveau de base. Ce dernier est plus faible à T10 qu’à T1 (-2,85 points, t=-2,098, p=0.019). Bien que statistiquement non significative (p est supérieur au seuil de 0.01) cela laisse envisager l’existence, à confirmer, d’une baisse tendancielle de  ce niveau de base de l’état d’anxiété.
  • L'anxiété de trait (STAI-Y2 de Spielberger) a diminué de 6.2 points (-13%) après 10 séances (p<0.001). D’un niveau « moyen » au démarrage de l’enquête (MT1STAI-Y2=49) selon la grille d’interprétation de Bruchon-Schweitzer et Paulhan (1993), il devient « faible » à T10 (MT10STAI-Y2=43), soit une baisse du trait d’anxiété de -13% environ.
  • L'estime de soi a augmenté de 3,8 points (p<0.001) à la fin de l’intervention (+13 %), le score moyen passant d'un niveau "faible à moyen" à T1  (MT1RSES=29.11) à un niveau "moyen" à T10 (MT10RSES=33.07).

Pour valider les effets de l’intervention, nous avons comparé les données de notre échantillon à celles d’un groupe externe, soit, en l’occurrence, les scores des variables de trait du Groupe Intervention (GI) à ceux du Groupe de Référence (GR) (table 1). Le groupe GR a été contrôlé pour ses similitudes aux références internationales et peut valablement être utilisé comme norme sociétale vis-à-vis de nos données, pour les scores de traits d’anxiété et d’estime de soi (voir annexe S3).

  • En ce qui concerne l'anxiété de trait (STAI-Y2), le GI est très différent du GR à T1 (tT1=-3.333, p=0.001), avec un des scores plus élevés chez le groupe intervention (MGI=48,9) que chez le GR (MGR = 41,1), confirmant notre première hypothèse d'une population de participants hautement stressés. A T10, cette différence n'est plus significative (tT10= -0.666, p=0.507), ce qui confirme notre seconde hypothèse d’une anxiété de trait des participants qui reviendrait à la « normale » à l’issue des 10 séances. Ceci est illustré dans la Fig. 2a. L'effet de l’intervention est fort (d=0.75) et très fiable ( 1-β=0.91).
  • L'effet de l’intervention sur l'estime de soi suit un schéma inverse à celui de l'anxiété de trait (Fig. 2b). A T1 les deux groupes ont le même niveau d'estime de soi, « faible à moyen » (MT1GI=29.11 et MT1GR=30.08 ; Tableau 1), ce qui signifie que nos participants ont un niveau d'estime de soi que l’on peut qualifier de « normal », même si la norme semble assez basse. A T10, leur score d'estime de soi est plus élevé (MT10GI=33.01). La différence entre les deux groupes est significative, mais avec, en première approche, une taille d'effet et une fiabilité modérées ((P=0.041), d=0.53, 1-β=0.63). Après décorrélation de l'anxiété de trait, la taille de l'effet de l’intervention sur l’estime de soi devient non seulement élevée mais forte [Analyse de covariance η²=0.47]. L'augmentation de l'estime de soi de nos participants à la fin des 10 sessions peut alors être calculée. En prenant pour référence l’anxiété de trait dé-corrélée des deux groupes (STAI-Y2=42,22), la « moyenne marginale » de l’estime de soi du GI est supérieure de 3,5 points à celle du GR [MGI(T10)=33,2 ± 0,43 vs. MGR=29,69 ± 0,73]. À anxiété de trait constante, l’intervention a donc un effet significatif et fort d'augmentation de l'estime de soi, même s’il n’y a pas de problématique initiale sur ce trait.
  • Il existe en effet une forte corrélation entre l'anxiété de trait et l'estime de soi au sein du GI, aussi bien à T1 qu’à T10 (rT1GI= -0.727, P<0.001, et rT10GI=0.644, P<0.001), et que l'on retrouve sur le GR (rRG=- 0.671, P<0.001). Cette corrélation est conservée sur les différences T10-T1 des deux variables pour le groupe GI (rGI= -0.608, P<0.001). Il semble donc que l’intervention n'ait aucun effet sur la relation entre l'anxiété de trait et l'estime de soi. Cette relation exprimerait une caractéristique humaine indépendante de notre intervention. Cette observation est confirmée par une seconde analyse de covariance [ANCOVA F(1.99)=0.013, P=0.911] réalisée sur les valeurs prédites de l'estime de soi et du trait d'anxiété.(ANCOVA) F(1.99)=87.35, P<0.01,

Caractéristiques de la population sollicitant un accompagnement en SPP

La caractérisation de la population mère de nos participants est effectuée par comparaison inter-groupe des données initiales (GI vs. GR) qui sont affichées en tableau 1 :

  • L’état d’anxiété avant séance du GI (pre- STAI-Y1 à T1) est très supérieur au STAI-Y1 du GR (MGI=42.03, MGR=34.92, tT1=-2.593 P=0.0109, d=0.59, 1-β=0.73),
  • L’anxiété de trait initiale du GI (STAI-Y2 à T1) est très supérieure au STAI-Y2 du GR (MGI=48.87, MGR=41.12, tT1=-3.333 P=0.0012, d=0.75, 1-β=0.91).
  • Sur l’estime de soi avant intervention (RSES à T1), les deux groupes présentent des scores moyens similaires, de niveau faible à moyen (MGI=29.11, MGR=30.08 et P=0.734).

Cela signifie que le GI présente, au démarrage, un profil significativement plus anxieux que le GR, mais un niveau d'estime de soi « faible à moyen » équivalent. Le niveau « normal » d'estime de soi, de nos participants peuvent être considérés comme psychiquement stables (Namian & Kirouac, 2015).  Cela confirme notre prémisse d’étude considérant la population d’origine de notre échantillon comme « non pathologique » (ou sub-normale) avec simplement un niveau d'anxiété supérieur à la normale.En raison des divergences existant dans la littérature sur l’existence ou non d’une différence selon le sexe (Bruchon-Schweitzer & Paulhan, 1993 ; Gauthier & Bouchard, 1993 ; Schmitt & Allik, 2005 ; Vallieres & Vallerand, 1990), nous avons également vérifié le comportement des scores de nos participants en utilisant une analyse de covariance multivariée à deux facteurs (intervention et sexe). Aucune différence n'a été détectée entre les sexes, quel que soit le groupe, y compris après contrôle de l'âge [[test multivarié F(8,87)=1.665, P=0.118, Roy's Largest Root=0.153, partial η²=0.133, 1-β=0.694] Toutefois, nous avons noté que les scores de l'anxiété d'état des femmes à l’issue d’une séance étaient plus faibles que ceux des hommes (post-STAI-Y1, FT1=14.048, P<0.001, F T10=7.833, P=0.006), indiquant la possibilité que les femmes réagissent plus fortement aux séances que les hommes, du point de vue de l'anxiété d'état, et sans que cela n'ait de répercussions sur l'évolution de l'anxiété trait.

Discussion

Les résultats de cette enquête longitudinale et prospective de terrain indiquent qu'un suivi de 10 séances de SPP, auprès d’une population de personnes venant spontanément solliciter un accompagnement individuel, diminue immédiatement l'anxiété d'état et, sur le long terme, réduit l'anxiété de trait et améliore l'estime de soi.

Pas d’effet praticien

Nous avons vu que les praticiens ayant suivi au moins 4 clients sur toute la durée de l’étude (8 praticiens suivant en moyenne 5 clients chacun) ne présentent pas de différences de résultats entre eux quant aux effets de leur pratique sur l’anxiété et l’estime de soi. Ce résultat nous invite à envisager l’absence d’effet praticien sur les résultats obtenus par la pratique de la SPP sur l’anxiété et l’estime de soi. Cette généralisation permet de considérer en propre l’efficacité de la SPP en tant que pratique d’accompagnement des problématiques non cliniques d’anxiété et d’estime de soi, et ce, quelle que soit la touche personnelle de chaque praticien. Un tel résultat va à l’encontre du discours de convenance soutenant que les approches alternatives en santé et en soins de bien-être sont dépendants du praticien. Il milite a fortiori pour une diffusion plus importante de tels résultats, tant vers le grand public que vers la communauté soignante, qui pourraient trouver dans de telles pratiques psycho-corporelles des appuis et compléments pertinents.

Spécificité de la population des clients de la SPP

Notre étude met également en évidence l’existence d’une spécificité de la population sollicitant un accompagnement individuel en SPP, qui présente une problématique effective mais non clinique d’anxiété. Les différences d’anxiété d’état et de trait par rapport aux « normales » francophones incarnées par notre groupe de référence sont à mettre en regard des attentes initiales recensées dans notre échantillon, dont 83% sont associées à des affects négatifs (douleurs physiques, souffrances psychiques et affectives, difficultés à faire face, mal-être, perte de sens, voir annexe S2) et les affects négatifs sont connus pour être des facteurs d’anxiété Boulenger & Lépine, 2014 ; Le Borgne, Boudoukha, Petit, & Roquelaure, 2016). Autrement dit, bien que l'anxiété et l'estime de soi n'aient pas été citées dans les attentes initiales des participants, la recherche d'un accompagnement individuel est motivée par une problématique globale d'affect négatif, ainsi que l’a montré Bouchet dans son travail exploratoire (Bouchet, 2015 ; Bourhis et al., 2017). Des études de terrain ultérieures pourraient s’appuyer sur un référencement par appariement sur les variables d’anxiété de trait initiale et de pratique corporelle entre groupe témoin et groupe intervention. Elles pourraient, à défaut, s’appuyer sur un échantillonnage de grande envergure intégrant l'anxiété de trait comme critère de sélection.

Apport des séances de SPP

Une séance ponctuelle offre un bénéfice immédiat sur l’état d’anxiété (STAI-Y1) en l’abaissant de plus de 30% de sa valeur initiale avec une taille d’effet très forte (d>.7). Un suivi temporel de 10. séances en SPP 1/ réduit le trait d’anxiété (de -13% ou -6.2 points, η²>0.14), 2/ augmente fortement l’estime de soi (de +13% ou +3.5 points après contrôle du trait d’anxiété, η²>0.14), et 3/ tend à diminuer le niveau de base de l’anxiété d’état.

L'augmentation de l'estime de soi est remarquable en ce sens qu’elle conduit à un niveau d'estime de soi supérieur à la "normale", mettant en évidence le niveau plutôt bas, et cependant rarement discuté, des "normes". Dans une étude précédente (Bouchet, 2015), l'augmentation de l'estime de soi s’est avérée associée au développement d'une perception de soi que les personnes décrivaient comme totalement nouvelle pour elles, semblable à un sentiment de se sentir "vivant de l'intérieur", qui les a conduit à se percevoir dans une vision renouvelée et améliorée d'elles-mêmes et de leur estime de soi, réduisant ainsi leur vulnérabilité au stress. Une telle amélioration, du niveau de base de l'estime de soi conjointement à la disparition des problématiques d'anxiété de trait,  suppose un changement de tendance comportementale, à la faveur d'une amélioration des capacités d'adaptation face à un environnement difficile ou confrontant. La diminution tendancielle  du niveau de base de l'anxiété d'état renforce cette hypothèse, car la mesure de l'"état" indique la sensibilité au contexte immédiat des événements de la vie. Il faut probablement du temps pour que la sensibilité aux événements extérieurs s'atténue au fur et à mesure que le trait anxieux s'estompe, ce qui explique pourquoi la diminution de l'anxiété d'état. de base n'est pas aussi forte que celle de l'anxiété de trait. En effet, la sensibilité pourrait être une expression comportementale du profil anxieux qui prend plus de temps à se stabiliser.

Ces différents effets sont détectés malgré les durées moyennes variables de l’accompagnement individuel (4 à 13 mois) et malgré l'âge charnière de notre échantillon (en moyenne 50 ans) au regard des « âges de l'estime de soi » (Alaphilippe, 2008 ; Robins et al., 2002). Ils plaident en faveur de certaines des hypothèses fondatrices de cette étude : (1) que les paramètres de traits peuvent varier dans le temps lorsque l’intervention propose une action sur les comportements sources d'inconfort, notamment le rapport à soi ; et (2) que l'instabilité intrinsèque des paramètres d'anxiété et d'estime de soi chez les adultes matures, voire âgés, semble pouvoir bénéficier grandement de ce type d'accompagnement. Nous constatons également que les échelles initialement conçues pour décrire des différences statiques entre groupes peuvent valablement rendre compte de d'évolutions.

L’expérience corporelle

Comme mentionné précédemment, les hypothèses de la littérature considèrent que l'expérience corporelle a un effet positif sur l'anxiété et l'estime de soi et sur la relation entre anxiété et estime de soi. Nos résultats confirment l'effet positif  d'une pratique psycho-corporelle sur l'estime de soi et l'anxiété. La pratique de la SPP s’avère reposer sur un travail corporel et plus particulièrement sur l'utilisation d'un toucher relationnel spécifique. Nos résultats suggèrent que cette pratique corporelle particulière est à l'origine de l'impact positif observé sur l'anxiété et l'estime de soi.

La nature perceptive et relationnelle du toucher utilisé appelle l'attention consciente de la personne sur l'expérience qu’elle est en train de vivre dans son corps, l’inscrivant dans ce que Quidu (2014) et Andrieu (2013) ont qualifié d’expérience corporelle en première personne, ou de corps ressenti en première personne. Sous l'effet de ce que l'on pourrait nommer un "ancrage corporel" de l'expérience, cette stimulation génère un effet d'apprentissage au fil des séances et dans le temps, susceptible d'améliorer les performances perceptives de la personne. Selon ce modèle, plus le nombre de séances sera grand, plus le temps d'intégration le sera également, et plus l'évolution de l'estime de soi et de l'anxiété sera marquée et fiable. On peut donc s'attendre à ce que l'effet de l'abaissement du niveau de base de l'anxiété d'état soit plus marqué également.

Notons que notre échantillon a une fréquence de pratique physique plus faible que le groupe de référence, ce qui peut expliquer en partie le profil initial anxieux plus élevé de nos participants. Aucun accompagnement SPP n'était orienté vers le développement d'une pratique gestuelle autonome, donc aucun changement sur cet aspect de la pratique personnelle des participants n'a été détecté.

Néanmoins, la problématique initiale du mal-être s'est estompée. Ceci est en accord avec les travaux de Copstead (1980), qui démontrent une relation directe entre le toucher relationnel et l'estime de soi en situation d’accompagnement. Nous élargissons cette hypothèse pour proposer que le corps perçu et vécu, et plus spécifiquement l’enrichissement de la perception corporelle, jouent un rôle important dans le processus d'amélioration de l'estime de soi (Bouchet, 2015), et nous ajoutons que cette voie corporelle agit simultanément sur la diminution de l'anxiété. Nos résultats devraient contribuer à nourrir les réflexions comme celles de Bonitz (2008) qui constate les bénéfices sur l’estime de soi de l’introduction d’un toucher manuel adapté et bienveillant dans les séances de psychothérapies. Il serait à présent intéressant d’étudier l’intérêt de développer une pratique physique quotidienne pour prolonger les effets bénéfiques d’un accompagnement en SPP, comme moyen d’autonomisation du soin de soi.

Relation entre estime de soi et anxiété

Dans nos résultats, nous observons que la relation entre l'anxiété et l'estime de soi est forte, aussi bien dans le groupe de référence que dans notre échantillon et ce à toutes les étapes de l’intervention. Nous avons montré que cette relation est une co- relation et non une redondance. La baisse tendancielle du niveau de base de l'anxiété d'état de nos participants à l'issue des 10 séances, suggère une diminution de la sensibilité aux facteurs de stress et d'anxiété. Et la forte diminution de l'anxiété de trait signale un changement dans le profil anxieux des personnes, i.e. l’affaiblissement de la dépendance aux événements externes et donc probablement de l’enjeu de contrôle et de contrôlabilité de l’événement qui lui est associé (Philippot & Douilliez, 2014).

Parallèlement, l'augmentation de l'estime de soi – qui dans notre échantillon est forte et significative à trait d'anxiété constant – est considérée par Benetti et Kambouropoulos (2006) ainsi que par Kernis (2006) comme résultant d’une meilleure capacité de réponse aux éléments positifs de l’environnement et une sensibilité moindre aux événements négatifs, ce qui a pour effet de placer la personne en situation de plus grande autonomie dans sa gestion des événements avec un recours moindre à des stratégies internes ou externes de défense, de valorisation ou de justification.

Une telle action bénéfique simultanée sur l'anxiété et l'estime de soi est rapportée dans la littérature, le plus souvent d’un point de vue psychologique (Mu et al., 2019). Or dans cette étude, les capacités perceptives du corps semblent jouer un rôle déterminant : l'effet bénéfique sur l'anxiété de trait s'explique par la manière dont le toucher de la SPP permet simultanément à l'attention de se focaliser sur les perceptions corporelles et à la réflexion de se tourner sur l'expérience immédiate (Bois, 2008 ; Courraud, 2020 ; Lieutaud & Bois, 2018) ; les effets bénéfiques sur l'estime de soi s'expliquent par le développement d'un rapport à soi véritablement nouveau, inscrit dans un vécu corporel de calme, de douceur, de positivité, de sentiment de « vie intérieure », qui, en renouvelant la vision de soi, contribue à la réduction de sa vulnérabilité au stress.

L’accompagnement proposé par la SPP aide la personne à construire, dans l'expérience corporelle immédiate, de nouvelles capacités perceptives et un sens corporel renouvelé de soi. Il semble que l'efficacité de la SPP sur l'anxiété et l'estime de soi soit au cœur de cette action combinée, en développant une perception de soi qui englobe dans un même mouvement la conscience corporelle et le sentiment d'être concerné, touché, impliqué dans son corps vivant (Bouchet & Lieutaud, 2020). De tels changements affectent les comportements de la personne, avec plus d'autonomie et de stabilité émotionnelle face aux événements, et une meilleure capacité à gérer ses propres mécanismes d'anxiété.

L’effet questionnaire et l’effet protocole (apprentissage)

Enfin, certains praticiens rapportent des sentiments d’accélération des processus d'apaisement chez leurs patients, des prises de conscience inédites et des mises en lien soudaines qui n'avaient jamais existé auparavant chez des clients suivis depuis longtemps. Ceci suggère la possibilité d’une influence de l’enquête sur les effets de l’accompagnement. En d'autres termes, le fait de répondre aux questionnaires à plusieurs reprises semble induire chez les participants, en dehors même de toute interaction avec le praticien, une forme de réflexivité nouvelle, ayant un effet bénéfique voire amplificateur des séances d’accompagnement. Cela rejoint l'analyse que fait Mruk (2013), qui a mis au point un programme d’accompagnement articulant différentes natures de travaux et interactions fondés sur la progressivité de la sollicitation, le guidage personnalisé et des étapes régulières d’auto-évaluation, dont il constate qu’elles forment le cœur de l’efficacité de ses interventions.

La SPP a pour objet de stimuler les processus d'apprentissage tirés de l'expérience corporelle en suscitant la participation perceptive active et consciente de la personne, la plaçant dans une dynamique d'éveil et de disponibilité propices à l'apprentissage et à la réflexion (Bourhis, 2012, 2015).

Nous pensons que dans ce contexte de mobilisation perceptive et cognitive, l'administration de questionnaires auto-évaluatifs a pu stimuler et renforcer la synergie entre expérience corporelle et dynamique réflexive, favorisant les prises de conscience bénéfiques à la quête initiale de la personne, et donc à son état d'anxiété et son trait d’anxiété et d’estime de soi, même lorsque anxiété et estime de soi n'étaient pas les moteurs conscients de la demande d’accompagnement.

Conclusions

Cette enquête de terrain visait à mettre en évidence les effets de la somato- psychopédagogie (SPP) sur l'anxiété et l'estime de soi. Elle a permis de cerner les contours de la population qui sollicite un accompagnement individuel dans cette pratique et a montré d’une part, un fort effet immédiat d'une seule séance sur l'anxiété d'état, et d’autre part, un fort effet à moyen terme d’atténuation de l'anxiété de trait (accompagné d'une tendance à la baisse du niveau de base de l'anxiété d'état) et d’amélioration de l'estime de soi, à l’issue de 10 séances. Cette combinaison de changements, associée à la diminution du niveau de base de l'anxiété d'état, témoigne d'une transformation bénéfique continue du rapport à soi et aux événements confrontants de la vie, suggérant un changement dans les capacités d'adaptation. Une telle efficacité trouve sa source dans la place accordée au corps et au développement des capacités perceptives corporelles dans la pratique de la SPP. Elle confirme le positionnement de la SPP au carrefour du soin et de la formation puisqu'elle induit un effet d'apprentissage durable, mais aussi au carrefour des approches du corps et de l'esprit par la place donnée à la perception et à la réflexivité dans le développement de la relation à soi. A l’instar de certaines pratiques méditatives, elle stimule la relation à l'intériorité, l'éveil sensoriel « intéroceptif », la conscience de soi et de son corps (Ferentzi et al., 2018; Lieutaud & Bois, 2018; Mehling et al., 2012).

Par son action simultanée sur l'estime de soi et l'anxiété, la SPP pourrait être bénéfique dans l'accompagnement de certaines difficultés spécifiques impliquant une hypersensibilité du rapport au monde et à soi, comme par exemple chez les adultes à haut potentiel (Lancon et al., 2015) ou dans des situations de burnout et d'épuisement personnel et professionnel.

(1) Dans une sorte de cercle vicieux, les réactions psychologiques (peur, panique, irritabilité, hyperactivité, résignation) conduisent à des maux physiques qui à leur tour amplifient la détresse mentale. Ce processus et son amplification sont d'autant plus forts qu'ils affectent les fonctions vitales, par exemple l'arythmie ou les troubles  vagaux (vertiges, fébrilité, malaises viscéraux, etc.), dont les dysfonctionnements sont perçus comme incontrôlables et génèrent davantage d'anxiété. Ces mécanismes sont exacerbés par le phénomène d'amplification somato-sensorielle qui envahit tous les secteurs physiques, psychologiques et cognitifs, révélant une voie du corps et une voie de l'esprit dans le processus d'anxiété. Il est donc important d'avoir une action combinée sur le contrôle cognitif et sur le contrôle de l'amplification somato-sensorielle.

 

 

 

 

Anne Lieutaud
Karine Grenier
Danis Bois

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La revue "Réciprocités"

Cet article est issu de notre revue :

Numéro 11 - Fascias, fasciathérapie et somato-psychopédagogie