L’advenir, à la croisée des temporalités - Analyse biographique du processus d’émergence du concept de l’advenir

séminaire Danis Bois à Rimouski
Auteur(s) :

Danis Bois - Professeur agrégé, Docteur en sciences de l'éducation, Fondateur du CERAP

Professeur cathédratique invité de l'Université Fernando Pessoa, Psychopédagogue de la perception, Chercheur en sciences de l'éducation

Est-il possible de se rencontrer véritablement en devenant corporellement présent à la temporalité qui s'actualise dans le présent ?

Cet article prolonge la réflexion déployée dans le n° 2 de la revue Réciprocités où j’abordais les grands tournants biographiques de mon itinéraire de création de la fasciathérapie vers la somato-psychopédagogie. Aujourd'hui, je souhaite aborder une thématique qui me tient à cœur, celle de la relation de présence vivante et incarnée à la temporalité qui s’actualise dans le présent de la vie de l’être humain.
Pour accompagner le caractère précieux de ce temps habité, j’utiliserai la forme narrative et biographique. En effet, qu’y a-t-il de plus personnel que le temps qui marque la vie de chaque être humain ? Je fais le choix de laisser de côté la notion rebattue d’un temps porteur de l’histoire de l’humanité, et je ne discuterai pas non plus les notions d’espace et de temps en lien avec théories physiques et mathématiques, de façon à cibler mon propos, dans une perspective plus existentielle, sur la temporalité de l’advenir. Et c’est en m’appuyant sur mon parcours biographique que je voudrais montrer le processus d’émergence qui m’a justement conduit à élaborer ce concept de l’advenir.
 
L’intérêt que je porte à la temporalité vivante et incarnée remonte à  plus de dix ans. En 2001, j’écrivis un essai philosophique Le sensible et le mouvement, où j’abordai la question de la temporalité vivante en la situant par rapport aux points de vue d’Aristote, de Saint Augustin ou encore de Bergson. En guise de résumé, Aristote considérait que le temps n’existait pas sans mouvement ni changement, tandis que Saint Augustin questionnait la continuité temporelle en mettant en relation le « présent du passé » avec la mémoire, le « présent du présent » avec l’intuition directe et le « présent de l’avenir » avec l’attente. Bergson, quant à lui, s’interrogeait sur la notion de durée en distinguant le temps vécu subjectif du temps abstrait des mathématiciens et du temps des horloges. À l’époque, je notai un point de convergence entre ces auteurs et mon propre point de vue, en ce sens que tous relevaient la place essentielle de la présence du sujet à sa temporalité.
Aujourd’hui, je me propose d’explorer la temporalité sous l’angle d’un vécu incarné, en prise avec le rapport au présent. Il s’agit donc de souligner le caractère charnel de cette temporalité qui prend corps lorsque le sujet oriente son attention vers le flux de la vie circulant dans son intériorité.

 
Émergence du concept de l’advenir

Le concept de l’advenir, comme je l’ai esquissé précédemment, s’est construit au contact de l’exploration d’une force d’autorégulation qui anime le corps vivant sous la forme d’un mouvement interne (Bois, 1989). Il y a trente ans, lorsque je rencontrai pour la première fois cette animation interne du corps vivant, je ne fis pas le lien avec la dimension temporelle de l’expression de la vie dans le corps. Ma vision de la temporalité se limitait alors à l’empreinte que le temps laisse dans le corps, en altérant ses fonctions, sa morphologie et sa santé.

Dans mon processus de découverte, j’ai questionné la dimension subjective de la temporalité en m’appuyant sur le déploiement d’une modalité perceptive paroxystique capable de saisir les informations véhiculées par le flux du temps à venir. Au cœur de ma pratique d’exploration de la dimension incarnée de la temporalité vivante, j’ai rencontré une autre nature de temporalité qui s’offrait sous la forme d’une texture très particulière, d’une substance incarnée qui circulait lentement dans la chair et que je pouvais pénétrer avec ma conscience perceptive. Durant cette période, je découvrais tous les indices d’un mouvement qui  semblait représenter la dynamique d’une temporalité qui s’actualisait dans le corps. Je voyais le mouvement de la vie se faufiler dans les méandres du futur.

Je partis à la conquête de cette dimension temporelle contenue dans la matière corporelle, avec l’outil de la perception, en partant du principe simple que seule la vie sensible pouvait capter la temporalité vivante qui anime un corps. Cette subjectivité temporelle rencontrée dans l’intériorité de mon corps emportait une variation d’états porteurs d’informations signifiantes. Le mouvement interne exprimait une force active de la temporalité qui s’écoulait au diapason de l’écoulement du temps qui traversait ma vie. Cette expérience m’obligea à penser autrement la temporalité puisque je la percevais au cœur de ma chair. Je pris conscience que cette relation singulière au temps ne pouvait avoir lieu en l’absence du ressenti et en l’absence d’un sujet qui se perçoit percevant. Je m’orientai alors progressivement vers ce que j’allais nommer ultérieurement l’advenir.
Le terme « advenir », parfois utilisé dans le champ des sciences de l’éducation, renvoie à une posture d’accueil passif, une sorte d’abandon à ce qui advient, sous la forme d’une intuition ou d’une inspiration incontrôlable, souvent irrationnelle et incompréhensible pour le sujet qui en est le témoin submergé. L’advenir, tel que je le conçois est d’une autre nature puisque l’advenir est le lieu d’une rencontre entre le présent et le futur, habité par un sujet qui le vit et l’observe.
En analysant les catégories qui se donnaient dans le vécu de l’advenir, j’ai eu le sentiment de m’engager dans les instances les plus intimes du sens de la vie qui allaient bien au-delà d’une simple considération temporelle puisqu’il était question de la mise en oeuvre d’un sujet au cœur de sa temporalité vivante et animée.

Advenir et mobilisation du sujet
Conduite exploratoire ciblée Exploration de la temporalité vivante incarnée
Activité perceptivo cognitive Déploiement perceptif et cognitif d’un sujet qui habite la temporalité du présent
Saisie de l’advenir Habitation du lieu de rencontre entre le présent et le futur
Sujet actif qui advient Mise en œuvre d’un sujet  au cœur de sa temporalité vivante et incarnée

La croisée des temporalités dans le lieu l’advenir

J’avais ainsi appris que cette temporalité incarnée n’était accessible qu’à l’homme présent à son présent et qu’elle avait besoin de la conscience de l’homme pour exister. J’apprenais maintenant que se tenir à la bordure du futur, depuis le lieu d’un présent habité, donnait accès à une vision panoramique des temporalités. Je percevais le croisement des temporalités dans le lieu de l’advenir.
On peut représenter de manière synthétique cette croisée des temporalités par le diagramme suivant :
 
L’advenir : à la croisée des temporalités

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Pour développer cette notion capitale de « croisée des temporalités », j’aborderai successivement la présence au présent, le processus de révélation du passé dans l’advenir et le processus d’anticipation du futur depuis l’advenir.

La présence au présent : à la bordure du futur

Comment devenir présent au présent ? Une telle nature de perception était-elle possible ? Était-elle seulement envisageable ? Je m’engageai sans relâche dans l’étude de cette temporalité vivante : temps, durée, secondes écoulées, espace infini, puis coïncidence parfaite avec l’instant du présent. En pénétrant cette coïncidence, je perçus pleinement ce que signifiait vivre. Vivre, devint pour moi, être présent à chaque seconde de ma vie. Dès lors, la temporalité m’apparut sous un autre jour. La vie, le temps, ne prenaient sens que s’ils étaient habités par une présence intense et Sensible. Envisager le temps de cette manière me donnait le vertige car combien de secondes m’avaient traversé sans que je sois présent à elles ? J’en conclus que désormais, chaque seconde qui m’était offerte était un don de la vie, et que ce don méritait d’être honoré davantage que je ne le faisais.

Si le temps de l’horloge est le même pour tous, le temps de la présence est unique pour chacun. Il n’est pas donné à tout le monde d’investir sa temporalité vivante car, comme le disait Pascal, l’homme a tendance à se divertir afin d’occuper tout son temps et éviter de se trouver devant des vides ou des face-à-face trop confrontants. Se rendre présent au temps devint, pour moi, accepter les enjeux portés par le temps qui passe, implacable et qui court… Mais mon questionnement de départ se fit alors plus impérieux : afin d’honorer la temporalité vivante qui s’actualise dans mon corps, comment devenir présent au présent ?

Habituellement, la notion de présence concerne surtout la relation à autrui ou à l’environnement : ainsi, on est présent à une personne ou à une situation. Mais, pour devenir présent au présent, il s’agissait, au contraire, de soigner une présence à soi, à partir d’un contact conscient avec l’intériorité du corps, que je découvrais comme étant un support inédit de relation au Sensible.

Ce que je cherche à partager ici, c’est la pertinence d’une posture du sujet se tenant à la bordure du futur en habitant intensément le présent immédiat d’une façon à la fois neutre et active. En pénétrant plus profondément cette posture de neutralité active (Bois, 2006), je découvris, avec surprise, que je pouvais me tenir en conscience à la bordure du futur et être ainsi disponible à des informations qui venaient en quelque sorte de mon futur. Je ne savais pas alors si le futur venait à moi ou si c’était moi qui allait vers le futur. Ce qui me paraissait évident dans l’analyse de ces expériences, c’est qu’il y avait un lieu de jonction entre le futur et le présent, une forme de chiasme qui se donnait à ma perception, davantage d’ailleurs comme un espace que comme un moment. Ce lieu de croisement entre le futur et le présent me faisait advenir : perception étrange d’un sentiment de renouvellement face à des informations qui advenaient dans mon actuel, sans que je puisse ni les imaginer ni les concevoir a priori.

 La posture de neutralité active : une porte ouverte à la saisie de l’advenir

La pratique de la fasciathérapie m’obligeait à épouser une posture d’écoute à la fois neutre et active. Neutre parce que je devais me contenter de suivre l’orientation et la vitesse du cheminement du mouvement interne dans le tissu du corps du patient et actif parce que je devais saisir les informations dans l’instant et réguler mon geste manuel en fonction des données immédiates qui s’offraient à mon champ perceptif.

Les subtilités de cette posture se donnèrent progressivement à ma conscience. Ce que je croyais n’être qu’une écoute de qualité qui permettait de capter les phénomènes subjectifs immédiats se révéla être un temps de suspension qui mettait entre parenthèses tous mes modes de pensée et de représentation habituels. Je découvris que pour saisir des contenus qui se donnaient dans la sphère de l’immédiateté, il fallait mettre de côté tous les acquis trop prégnants qui venaient influencer la saisie perceptive. J’appris à côtoyer l’ « éphémérité » qui se donnait dans le présent. C’était la porte ouverte à la saisie de l’advenir… À force de côtoyer cette posture d’écoute, je changeais ma manière d’être au présent et à ma vie.

Je découvris que la posture de neutralité active était transférable à la saisie de la temporalité vivante et incarnée. J’avais déjà développé une attitude de « laisser venir à moi » les informations internes plutôt que de les contrôler. Grâce à cette posture de « savoir attendre » sans préjuger des contenus de vécu qui allaient émerger, j’accédai à des informations qui, jusqu’alors, me traversaient sans que j’en prenne conscience. Il convenait d’adopter une attitude d’ouverture à tous les possibles à venir, tout en maintenant une certaine distance avec l’ancien, le connu, les présupposés qui seraient venus détourner la nouveauté pour la fondre dans le connu.

Le diagramme suivant, qui montre ces premières dimensions de la posture de neutralité active, montre la nature dynamique de cette posture et met aussi en valeur la nature de connaissance lié à l’acte de saisie lui-même :

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L’acte de saisie de l’information nouvelle dans la présence au présent

Avec cet intérêt constant que je portais à l’instant du présent, l’advenir apparut alors comme un lieu d’apprentissage intense, immédiat et porteur de renouvellement. Par là même, vint à moi une nouvelle problématique confrontante : comment apprendre du temps présent ? Je découvris que pour investir la temporalité vivante, il me fallait instaurer une proximité entre l’observateur que j’étais et la mouvance que j’observais, mais que, de plus, il me fallait enrichir mon habileté perceptive et cognitive pour accueillir et saisir le premier sens qui se donnait dans le jaillissement de l’instant éphémère.
Cependant, je constatai que mon enrichissement perceptif avait une incidence réelle sur mon habileté cognitive. Il me permettait de saisir des informations qui, jusqu’alors, n’étaient pas accessibles à mon champ perceptif. Au fil de mes explorations, je me familiarisai avec cette nouvelle habileté de saisie, et développai une approche catégorielle des contenus qui émergeaient de l’advenir. Et dans la simultanéité de l’acte de discrimination perceptive, je découvris l’émergence du nouvelles significations.  
J’ai choisi le terme « saisie » pour définir la nature de la préhension de l’information se donnant dans l’advenir et la nature immédiate de la mise en sens. En effet, la saisie évoque la promptitude à accueillir une information, à la traiter et à lui donner sens en temps réel de l’acte de saisie. Grâce à la posture de neutralité active, j’avais acquis l’habileté de suspendre mon activité réflexive habituelle, non adéquate à cette nature de saisie du fait du temps de latence qu’elle exige.
Simultanément à la saisie du mouvement interne incarné dans mon corps s’élaborait en moi une pensée qui se donnait à ma conscience. Tout en conservant la posture de « laisser venir à soi », je saisis simultanément au ressenti, une pensée autonome, mouvante et spontanée qui m’apportait une nouvelle connaissance. Je pus alors définir les contours de cette connaissance qui se donnait à ma conscience sans la mobilisation d’une activité réflexive volontaire. J’isolai progressivement les six caractéristiques principales qu’elle présentait : elle était incarnée, immanente, autonome, jaillissante, imprévisible et non concevable en dehors du support de l’expérience habitée.
Pour finir ce premier point, le diagramme ci-dessous illustre les natures parallèles de posture et de saisie impliquées dans ce processus de présence au présent :

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Le processus de révélation du passé depuis l’advenir

Tournons-nous maintenant vers les liens entre passé et présence au présent tels qu’ils se révélèrent à ce moment dans mon parcours existentiel.
Dans le lieu de l’advenir, je constatai que l’information saisie n’était jamais neuve dans l’absolu puisque je la percevais à partir de référentiels préétablis. Toute information était reconnue par rapport au « déjà-là » dans ses composantes familières, mais aussi dans ses composantes nouvelles, par opération de comparaison, de discrimination, d’association et de remémoration. Il restait que le contact avec l’advenir venait bousculer l’idée bien implantée que le sens se tient implicitement dans sa totalité au cœur d’un « déjà-là » et qu’il convient de le déplier à travers des techniques d’aide au rappel.
Sans remettre en question la vision phénoménologique que toute nouveauté émerge d’un « déjà-là », je relevai que cette approche ne prenait pas suffisamment en compte les informations qui proviennent du temps à venir et participent au renouvellement du « déjà-là ». Cette valeur ajoutée des informations saisies dans l’advenir me faisait entrevoir que tout sens était provisoire puisqu’il a vocation à s’enrichir au fil du temps qui se déroule.

La provisoireté du sens

Cette provisoireté du sens me semblait fondamentale car elle m’invitait à honorer davantage la vie qui me restait à vivre. J’attribuai ainsi à la temporalité un principe de force  porteuse de déploiement de sens, à la condition d’habiter le temps présent de sa présence. Dans cette optique, le temps qui me reste à vivre devient un lieu de potentialité de déploiement de sens. Je compris dès lors que c’était le temps qui m’apporterait nécessairement des informations nouvelles pour éclairer certains moments de ma vie passée. J’en conclus que, tant qu’il me restait du temps à vivre, le sens pouvait encore se déployer et donner un nouveau sens au « déjà-là ».
Face à cette prise de conscience, je m’interrogeai de nouveau. De quelle manière les informations qui émergeaient de l’advenir venaient-elles déployer la potentialité du sens ? Pour répondre à cette interrogation je m’appliquai à moi-même une méthode de mobilisation introspective sensorielle orientée vers la saisie des informations qui émergeaient de l’advenir. Je plongeai avec bonheur dans le présent, ouvert à toutes les informations qui se donnaient à moi dans le juste à venir.

Je découvris avec surprise que l’advenir accueillait également les informations qui étaient en lien avec mon passé. Jusqu’alors, mon attention était davantage orientée vers les informations qui venaient d’un futur actualisé dans mon présent. J’avais un grand intérêt pour la nouveauté inédite, car ce qui m’intéressai par dessus tout était ce que je ne connaissais pas encore. Mais là, je pris conscience que la proximité avec l’advenir me donnait accès à des informations du passé remontant spontanément dans mon présent et que celles-ci prenaient un nouveau sens au contact de l’information nouvelle advenue. J’accueillis donc non seulement ce qui advenait de mon futur, mais aussi ce qui advenait de mon passé. Ainsi, je découvrais une voie nouvelle pour découvrir le sens de mon passé, autre que celle consistant à le revisiter par l’évocation ou la remémoration. Au contact de l’advenir, c’est le passé qui allait vers le présent et se réactualisait.

Ce phénomène ne m’était totalement pas étranger car je faisais souvent l’expérience de l’articulation spontanée entre mon passé et mon présent sur le mode de la sensorialité. Qu’une atmosphère olfactive, sonore, gustative ou visuelle me touche, et aussitôt j’étais plongé dans une ambiance liée à un moment intense de mon passé. Mais l’expérience que je faisais dans le lieu de l’advenir me donnait accès à une temporalité qui s’éveillait grâce à une manière d’être à moi-même et à mon corps. Les atmosphères sensorielles qui se donnaient grâce à ce contact avec le Sensible me rendaient disponible à laisser venir à ma conscience des atmosphères passées réactivées par celles que je vivais dans mon présent.

Dans ce contexte, je notai que l’articulation spontanée entre le passé et le présent se donnait dans mon champ perceptif sous différentes formes, une tonalité, une image ou une pensée qui advenait à ma conscience. Je conférai à ces différentes manifestations spontanées, le statut d’information dès lors qu’elles se donnaient à ma connaissance et qu’elles m’apprenaient quelque chose de nouveau.
Face à cette expérience internalisée de l’information, j’entrevoyais le caractère immédiat et spontané de l’émergence d’un sens. Le sens se donnait à ma connaissance, en temps réel de la saisie, sans avoir été préalablement réfléchi et sans que je puisse le rattacher à un référentiel connu. Cette donation de sens immédiat m’apportait ainsi un élément nouveau dans la compréhension du processus de déploiement du sens provisoire.

La connaissance par contraste et l’imperçu

Je pris donc acte que le processus de donation de sens immédiat convoquait une forme de connaissance particulière et exigeait une présence à soi sous la forme d’un réel paroxysme perceptif du Sensible, dépassant le mode de perception habituel. L’originalité de cette nature de connaissance était le processus de révélation mis à l’œuvre pour distinguer la nouveauté. En effet, le mode de reconnaissance de la nouveauté que j’utilisais habituellement était celui de la comparaison avec l’ancien, le connu. C’était donc à partir de l’ancien que je reconnaissais la nouveauté. Mais ici, c’était la nouveauté qui émergeait de l’advenir qui révélait un ancien imperçu. C’est ce mode de reconnaissance que je nommais la connaissance par contraste (Bois, 2007)

Le terme contraste s’imposait pour définir le phénomène très particulier de révélation d’un état ancien au contact d’un état nouveau. D’abord, le contraste tel que je le découvrais naissait d’une manière d’être à soi particulière, où la perception du Sensible était première dans l’acte de reconnaissance par contraste. Ensuite, c’est à partir d’elle, et basée sur elle, que s’engageaient presque simultanément les actes de comparaison et de discrimination nécessaires à la reconnaissance d’un état nouveau, jusqu’alors imperçu (Bois, 2006, 2007).

Je saisissais les informations qui jaillissaient de l’advenir et reconnaissais la connaissance qu’elles portaient à ma conscience. Dès lors se révélaient des imperçus de mon passé et notamment des imperçus qui révélaient mes « manières d’être anciennes. Ainsi, c’est au contact d’une nouvelle manière d’être présent à mon présent que se révèle par contraste à ma connaissance, ma manière ancienne d’être absent à mon présent.
Je devins vigilant, avide de saisir chaque nouvel état porteur de tant d’informations signifiantes à propos de mes manières d’être anciennes. J’enrichis ainsi ma démarche compréhensive de sens en me positionnant résolument dans l’advenir, dans l’attente qu’advienne une connaissance par contraste issue d’une information manquante révélant un nouveau sens imperçu. Cette posture renouvelait radicalement la place que j’accordais au retour réflexif sur le passé puisqu’il s’enrichissait d’un actuel vivant qui me permettait de reformuler, sous l’éclairage de l’advenir, un fragment de vie passée renouvelé à travers la connaissance par contraste.

Le prochain diagramme résume ce processus de prise de connaissance et montre aussi sa nature dynamique :

Processus de révélation du passé dans le champ de l'advenir

Mobilisation introspective sensorielle

saisie de l'information sensorielle prise de connaissance par  révélation du passé imperçu

 
Le processus d’anticipation du futur depuis le lieu de l’advenir

Ainsi, au contact de l’advenir, je suis devenu un homme du présent travaillant sur le long terme. En effet, l’avenir doit s’anticiper, comme le suggère fort justement M.-C. Josso avec sa notion d’a priori qui invite à prévoir ses stratégies futures en s’appuyant sur une reconfiguration biographique déployée à travers l’histoire de vie. L’acuité attentionnelle que j’exerçai dans le lieu de l’advenir me donnait accès à de multiples orientations qui se dessinaient en avant de moi, comme des possibles à emprunter. Le contact avec l’advenir me permit d’accéder à des informations ouvrant des perspectives pour le futur.

J’étais en présence d’une forme d’intelligence qui me permettait d’entrevoir le plus grand nombre des possibles contenus dans une action future. Cela facilitait la régulation de mes décisions et de mes actions. Je devins en quelque sorte un homme averti de presque tous les possibles qui pouvaient se révéler dans le flux du futur. Ainsi, se tenir au centre de l’advenir, ne m’invitait ni à la passivité, ni à l’accueil fataliste du futur. Je ne suis pas devenu un homme résigné face à son avenir, mais au contraire, un homme actif capable d’anticiper les possibles à venir.

Cependant, malgré cette acuité, tous les possibles à venir n’étaient pas toujours envisageables. Le contact avec l’advenir m’avait éduqué à l’adaptabilité spontanée à l’imprévisible et parmi tous les possibles qui se dessinaient depuis mon advenir, je prévoyais aussi le possible non concevable. Même si l’anticipation de sa survenue n’avait pas de forme palpable, je l’attendais, prêt à le saisir puisque j’étais devenu capable de le reconnaître par son caractère inédit.

Une philosophie de l’advenir : « Ce que je ne sais pas aujourd'hui, je le saurai demain »

Vint le moment de préciser la dimension philosophique portée par l’advenir et que je m’appliquais en même temps que je la découvrais : Comment honorer ma vie à la lumière de l’advenir ? Comment rester vigilant à l’information nouvelle véhiculée par l’advenir et l’intégrer dans ma manière d’être à la vie ?

J’avais rencontré un premier niveau d’incarnation du temps que je traduisais ainsi : dès qu’un cœur bat, dès qu’un poumon respire, ils battent la mesure du temps qui passe. Mais devais-je en rester là pour définir la temporalité incarnée ? J’avais accès à un deuxième niveau  d’incarnation de la temporalité à travers l’exploration d’un sens tactile intérieur que j’avais découvert au contact du mouvement interne. Il me faisait pénétrer dans l’enceinte intime de ma propre matière corporelle, là où s’actualisait une temporalité vivante, incarnée et animée. Cette nature de temporalité ne se donnait qu’à la condition d’un effort de présence à moi-même de haute qualité. J’étais face à un étonnement, celui de me ressentir exister consciemment au cœur d’une temporalité vivante, mouvante, qui m’apparaissait comme le vecteur de la vie qui s’écoulait en moi.

Je compris alors qu’honorer sa vie signifiait d’abord être présent aux manifestations sensibles que je rencontrais dans le contact établi avec la substance mouvante de la vie dans mon corps. Cette rencontre avec le caractère mouvant et incarnée de celle-ci m’invitait à donner la priorité à chaque seconde, et à cesser de la vivre comme une seconde de plus dans l’itinéraire de ma vie, mais comme une seconde unique ; un moment précieux quel que soit l’événement qu’elle véhicule. J’appris donc à pénétrer chaque seconde d’une conscience aiguisée et à la ressentir avec intensité comme si c’était l’ultime seconde de ma vie. C’est que je prenais conscience que la vie est un capital de temps offert à chaque homme et dont il ne connaît pas la durée. La durée dépendait-elle du hasard ou de la destinée ? Je laissai de côté cette interrogation percevant de façon très nette que l’une des responsabilités qui m’incombait, était de faire le choix d’investir chaque seconde pour me déployer dans la temporalité.

Processus de déploiement du sens provisoire : « Il n’y a pas d’avenir à aller dans son passé »

Le caractère impalpable du présent et plus encore du futur m’avait conduit auparavant à me retourner vers mon passé, ce qui me donnait le sentiment de retrouvailles avec mon identité. Grâce à ma mémoire, je pouvais revisiter à ma guise mon passé et me le réapproprier. De fait, le temps passé constituait l’unique champ référentiel à partir duquel je reconnaissais le monde et dialoguais avec lui. Cependant, dans ma quête de sens, je constatai que la référence permanente au « déjà-là » constituait un obstacle à la saisie de l’inédit porté par le courant de la vie. Cette attitude me privait des informations qui jaillissaient dans l’advenir et celles-ci me faisaient défaut pour accomplir le déploiement du sens sous la force attractive du temps à venir.

Alors, au contact de l’advenir, j’épousai une attitude radicale face à la temporalité, privilégiant le temps présent et me tenant au plus près de la bordure du futur. Cette radicalité m’avait conduit à considérer que je n’avais aucun avenir à aller dans mon passé. Cela modifia mon rapport au passé, mais surtout mon rapport au futur, car précédemment, le futur m’apparaissait lointain, distant de moi, finalement très abstrait. Il était le lieu de l’inconnu, de l’incertitude, de l’imprévisible et créait une certaine angoisse, celle-là même que Kierkegaard a développée dans sa philosophie de l’existence. Ce dernier avait choisi la foi comme solution à son angoisse existentielle. Pour ma part, je faisais le choix de la confiance dans le futur et dans les informations qu’il mettrait à ma disposition. Il ne s’agissait pas de faire un pari sur l’avenir, mais d’investir ma confiance dans cette intelligence processuelle.

Revenons à cette donnée essentielle qui a suscité bien des réflexions de ma part : il n’y a pas d’avenir à aller dans son passé. Cette idée qui s’était donnée sous la forme d’une connaissance par contraste me semblait difficile à appréhender. Je sentais bien que cette phrase n’était pas une invitation à renier le passé, mais plutôt une incitation forte à se tourner dans le présent et vers le futur. Mais les conséquences de cette idée n’étaient encore complètement claires pour moi.

Un jour, lors d’une introspection sensorielle, une information nouvelle se porta à ma connaissance sous une forme métaphorique. Il y était question d’une flamme qui brûlait un parchemin. Je compris dans l’instant que la flamme symbolisait la dynamique du présent et le parchemin la temporalité. Ce qui était en avant de la flamme symbolisait le futur tandis que ce qui était en arrière, la partie brûlée, symbolisait le passé. J’assistai en direct à une donation de sens immédiate qui simultanément construisit une compréhension de la force processuelle du temps à venir. En effet, la flamme se déplace toujours vers l’avant, consumant inexorablement le papier situé en avant d’elle. Et je pensais que même si le vent soufflait en sens inverse, jamais la flamme ne se déplacerait vers l’arrière à moins de s’éteindre. Cette fois-ci, je comprenais la signification de la phrase : il n’y a pas d’avenir à aller dans le passé.

Au fur et à mesure que mes pas me conduisaient vers le futur, la force processuelle de l’advenir renouvelait le sens provisoire de cette phrase. Cette fois-ci, elle m’interpellait sur la posture d’observation à adopter : je ne pouvais pas à la fois regarder mon passé et mon futur. J’ai donc changé ma stratégie d’observation, je m’offrais des temps d’introspection pour accueillir les informations qui advenaient, éclairant mon présent et mon passé dans un flux de conscience immédiat et des moments de retour réflexif sur le mode de l’écriture à propos de ce qui s’était donné dans l’advenir. Progressivement, ces deux temps opératoires se fusionnèrent en un seul. En effet, je pouvais questionner mon passé en me tenant toujours au contact de l’advenir. Dans ce contexte d’étrangeté due au croisement de toutes les temporalités, je pouvais, sans faire aucun effort réflexif, saisir des fragments de vie passée ou des anticipations de tous les possibles dans un même élan d’écriture. Cette pratique facilitait le déploiement de ma pensée et la richesse de mon écriture. Depuis le lieu de l’advenir, je donnais sens à ma vie sur le mode de la narration.

La croisée de toutes les temporalités me poussa à déployer le sens provisoire de connaissance initiale étudiée. Il n’y a pas d’avenir à aller dans son passé devint alors le passé nous appartient et nous appartenons à notre futur. Cette pensée avait le mérite de réhabiliter l’importance du passé dans le processus de déploiement de sens. Comme nous l’avons vu, lorsqu’on se situe dans le lieu de l’advenir, le futur apparaît comme étant porteur d’une masse d’informations à venir qui, au moment où elles sont saisies, participent au renouvellement du sens à propos d’une problématique présente ou passée.

Il m’apparaissait indiscutable qu’au fur et à mesure que j’avançais en âge, j’avais accès à des informations qui ne m’étaient pas disponibles auparavant. Je compris alors que certaines ombres de sens de ma vie n’avaient pu se déployer en l’absence d’informations manquantes qui ne se sont offertes à moi que plus tard. Il me fallait donc compter sur ces informations futures pour respecter le processus de déploiement du sens. Cela m’avait appris la patience, un « savoir attendre » en quelque sorte. Quand j’étais face à une problématique de sens, il me suffisait d’attendre les informations qui me manquaient pour éclairer le sens. La solution à cette problématique se trouvait également devant moi. La provisoireté du sens du fait de connaissance initial se déployait encore au fil du temps puisque je découvrais un autre sens : j’ai autant à apprendre de mon futur que de mon passé. Toutefois, comme je l’ai précisé, à la condition de rester présent à son présent ; sans cela, les informations véhiculées par le temps à venir traversent l’homme, en quelque sorte, sans rien lui apprendre de particulier.

Processus de déploiement du sens provisoire : « Il ne faut pas seulement comprendre pour changer, mais il faut aussi changer pour comprendre »

Quelle influence cette conception de la temporalité pouvait-elle avoir sur mon existence ? Comme je l’ai esquissé à plusieurs reprises, la rencontre avec l’advenir m’invitait à me réconcilier avec le futur et à cesser de le considérer comme une horloge grignotant le temps de ma vie, me conduisant inexorablement vers la vieillesse et la mort. Désormais, j’envisageai le futur comme un lieu porteur d’informations participant à la résolution de mes problématiques présentes et passées,et  donnant à la vie qui me restait à vivre une perspective de croissance dont je pouvais me faire le complice.

Cette posture d’ouverture au futur changeait radicalement mon rapport à la temporalité et cela à plusieurs niveaux. Quand je me sentais dans une impasse et que je ne trouvais plus le sens de mon existence, je pouvais compter sur l’information qui me manquait et qui viendrait apporter des solutions à ma problématique du moment. Je m’appuyais sur la provisoireté du sens qui me donnait une autre alternative que celle consistant à rechercher le sens à travers des méthodes d’aide au rappel. Dans la démarche compréhensive de sens que j’adoptais, je m’engageais dans deux mouvements, un mouvement qui accueillait le passé dans le présent et un mouvement qui accueillait le futur dans le présent, et cela de façon permanente. Si bien que la construction du sens bénéficiait autant du futur que du passé, les deux temporalités se potentialisant réciproquement.  
Cette action formatrice ne pouvait se concevoir que dans une vision dynamique de la mise en sens. À travers le modèle de l’advenir, je faisais l’expérience du déploiement du sens dans une simultanéité avec ma transformation. Je constatai donc que c’était ma propre transformation qui me permettait d’accéder au déploiement du sens et non pas le dépliement du sens qui me transformait. Cette perspective nouvelle demandait de ma part une réelle conversion de point de vue : il ne me fallait pas seulement comprendre pour changer, mais il me fallait également changer pour comprendre.

Je m’interrogeais : était-il raisonnable de considérer la possibilité d’un changement sans en avoir préalablement compris le sens ? Je découvris au contact de l’advenir, qu’en même temps que je percevais l’advenir, j’advenais moi-même. L’information qui émergeait de l’advenir semblait porter en elle une vocation de métamorphose pour l’observateur que j’étais. Je finis par intégrer dans mes manières d’être ce que m’enseignaient les informations qui jaillissaient de l’advenir. Autrement dit, à force de côtoyer le caractère imprévisible des informations, je développais une adaptabilité face à la nouveauté ; à force de me positionner dans une neutralité active, je devenais présent aux moindres événements de ma vie ; et à force de côtoyer la nouveauté, j’enrichissais ma capacité à renouveler mes points de vue anciens.

Conclusion

Finalement, au bout de cette trajectoire biographique et expérientielle, je relève six points principaux et fondamentaux caractérisant le concept de l’advenir. 

Le premier point est le rôle actif du sujet dans son habitation du présent. En effet, il n’y a pas d’advenir sans une présence au présent et il n’y a pas de présence au présent sans préalablement soigner une présence à soi.
Le second point est la posture de neutralité active qui permet au sujet de saisir avec promptitude les informations incarnées qui jaillissent dans la sphère de l’immédiateté. Rappelons que, dans ce contexte, la saisie traduit à la fois une qualité d’accueil de tous les possibles, une promptitude de préhension des informations et une habileté à capter le sens qui se donne dans l’immédiateté.

Le troisième point est la définition même de l’advenir, comme lieu de rencontre entre les différentes temporalités, à condition que le sujet se tienne en conscience à la bordure du futur. 

Le quatrième point est le lieu d’accueil de toutes les temporalités à partir desquelles le sujet peut engager une démarche compréhensive de sens. Le lieu de l’advenir représente une porte ouverte aux informations venant du futur et aux informations venant du passé qui remontent et s’actualisent dans le présent du sujet. Depuis ce lieu, le sujet participe au processus de déploiement du sens provisoire.   

Le cinquième élément, surprenant, est la nature de la mobilisation perceptivo-cognitive mise à l’oeuvre quand un sujet se tient à la croisée des temporalités. Elle donne accès à une compréhension du passé grâce à la connaissance par contraste et à l’imperçu révélé et à une anticipation du futur grâce à une projection vers les possibles sur la base d’une meilleure compréhension du rapport du sujet à son présent et à son passé.  

Enfin, le sixième élément concerne la personne qui advient au contact de l’advenir. Le sujet devient ce qu’il rencontre, plus adaptable, plus ouvert à tous les possibles, et capable de renouveler ses points de vue au contact d’informations nouvelles. Il apprend également à composer avec le futur : ce qu’il ne sait pas aujourd'hui, il le reconnaîtra demain grâce à l’information manquante qui sera véhiculée par le temps à venir qui s’actualisera dans son présent. Cette complicité d’un sujet avec ses temporalités lui apprend à honorer la vie en tant que force de croissance et de renouvellement et à honorer sa temporalité en considérant que celle qui lui reste à vivre porte  son devenir.

Le tableau suivant résume les quatre points principaux concernant l’advenir et la mobilisation du sujet lui-même :
 

Advenir et mobilisation du sujet
Sujet actif dans sa conduite
exploratoire ciblée
Exploration de la temporalité
vivante incarnée
Saisie de l’advenir, sur le
mode de la neutralité active
Habitation du lieu de rencontre
entre le présent et le
futur
Activité perceptivo-cognitive Déploiement perceptif et
cognitif d’un sujet qui habite
la temporalité du présent
Sujet actif qui advient Mise en oeuvre d’un sujet au
coeur de sa temporalité
vivante et incarnée

Ainsi, le déploiement du concept de l’advenir m’a offert de transcender certains de mes points de vue initiaux sur la place de la temporalité vivante et incarnée dans l’élaboration des instruments pratiques et théoriques de la fasciathérapie et de la somato-psychopédagogie.

Et, tout au long de cette écriture biographique, j’ai déployé ma réflexion sur le mode du retour réflexif qui me permettait de convoquer des moments intenses de mon itinéraire, mais j’ai surtout déployé ma réflexion à partir du lieu de l’advenir. En effet, ce lieu est pertinent pour questionner le passé et l’actualiser dans le présent. Comme cela a été développé, le sujet qui observe depuis le lieu de l’advenir reçoit des informations du futur et du passé qui s’actualisent dans le présent.

Ainsi, dans le lieu de l’advenir, le passé se donne au sujet selon trois modalités : sur le mode du retour réflexif qui convoque un moment spécifié du passé, sur le mode d’une remémoration spontanée qui remonte dans le présent et sur le mode de la révélation par contraste activée au contact des informations qui adviennent du futur.
 
Pour toutes ces raisons, le concept de l’advenir offre de nouvelles perspectives dans le champ des sciences de l’éducation et des sciences humaines. Par exemple, il me semble que la croisée des temporalités qui implique un sujet présent à son présent constitue un outil intéressant pour questionner le sens sur le mode narratif et biographique.
 
 
Note de bas de page
 
1. De nombreuses études ont permis de cerner les contours de cette qualité de rapport que j’ai dénommé perception du Sensible (Bois, 2007, Bois & Austry, 2007, Berger & Bois, 2008). Le contenu du Sensible n’est jamais flou, il apparaît au contraire de manière claire à la perception, la difficulté étant davantage située au niveau de la compréhension des significations. La perception du Sensible devient perception de soi corporéisée, donnant l’accès à de nouvelles manières d’être, à soi et à la temporalité.

 

Danis Bois

Sources: 

Bois, D. (1989). La vie entre les mains. Paris : Guy Trédaniel Éditeur.
Bois, D. & Berger, E, (1990). Fasciathérapie : une thérapie manuelle de la profondeur. Paris : Guy Trédaniel.
Bois, D. (2001). Le sensible et le mouvement. Essai philosophique. Paris : Éditions Point d’Appui.
Bois, D. (2002). Un effort pour être heureux. Paris : Éditions Point d’Appui.
Bois, D. (2006). Le moi renouvelé. Paris : Éditions Point d’Appui.
Bois, D. (2007a). Le Corps sensible et la transformation des représentations de l’adulte. Thèse de Doctorat en didactique et organisation des institutions éducatives. Séville : Université de Séville.
Bois, D. (2007b). De la fasciathérapie à la somato-psychopédagogie, analyse du processus d’émergence de nouvelles disciplines. In Réciprocités, Nº 2, Éditions Point d’Appui et CERAP-UFP.
Bois, D. & Austry, D. (2007).  Vers l’émergence du paradigme du sensible. In Réciprocités, Nº 1, Éditions Point d’Appui et CERAP-UML.
Humpich, M. & Bois, D. (2006). Pour une approche de la dimension somato-sensible en recherche qualitative. In Recherches qualitatives, Actes du 1er Colloque International sur les Méthodes Qualitatives en Sciences Humaines et Sociales, Centre Universitaire Du Guesclin de Montpellier - Béziers France.
Josso, M.-C. (1991). Cheminer vers soi. Lausanne : L’âge d’homme.

Téléchargements: 

 

L’advenir, à la croisée des temporalités

Par Bois D.
2009
Revue Réciprocités

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La revue "Réciprocités"

Cet article est issu de notre revue :

Numéro 03 - Advenir et démarche de sens

Ce numéro est consacré à la poursuite de l'explicitation des concepts fondant le paradigme du Sensible.

Après l'éditorial que nous offre le Professeur Pierre Paillé sur la tension créatrice qui nourrit la recherche qualitative, le professeur Danis Bois présente le concept de l'advenir, à la croisée des temporalités

La professeure Marie-Christine Josso analyse la place du vécu du corps dans l'expérience biographique sensible comme lieu d'accueil de l'advenir